mercredi 27 juin 2012

Mon expérience olympique - Pierre Saint-Jean

Pierre Saint-Jean prononçant le serment
de l'athlète aux Jeux olympique de
Montréal en 1976
Aujourd'hui l'haltérophile Pierre Saint-Jean nous parle de son expérience olympique.

Pierre Saint-Jean a participé aux Jeux olympiques à trois occasions (1964, 1968 et 1976). Au cours de sa longue carrière, il a brisé 86 records canadiens, 55 records du Commonwealth et un record mondial. Il a récolté trois médailles aux Jeux du Commonwealth (l'or en 1966, l'argent en 1962 et le bronze en 1970) en plus d'obtenir deux médailles de bronze aux Jeux panaméricains (à Sao Paulo en 1963 et à Winnipeg en 1967).

Il fut intronisé au Temple de la renommée du Panthéon des sports du Québec en 1997.


Quelle est la sensation de participer aux cérémonies d’ouverture?

« La première fois que l’on participe à une cérémonie d’ouverture demeure un moment inoubliable. À Tokyo en 1964, c’était très impressionnant de faire son entrée dans le stade olympique. On entendait le rehaussement des applaudissements au moment où l’on fait notre entrée dans l'enceinte. J’en ai encore des frissons à y penser. »

« À Montréal en 1976, ça été une expérience encore plus mémorable. En tant que pays hôte, la délégation canadienne faisait son entrée en dernier, ce qui rendait la cérémonie d’ouverture plus spéciale, mais j’avais également eu l’honneur d’être choisi pour prêter le serment olympique au nom des athlètes du monde entier. Disons que j’avais une certaine nervosité durant le défilé ; je pensais à mon allocution et comme la mémoire n’a jamais été mon fort, j’avais beaucoup d’appréhension. Tout au long du défilé je répétais mon texte. Finalement, ça c’est bien passé, sans erreur. »

Comment avez-vous été choisi pour prêter le serment de l’athlète?

« C’est une histoire assez unique. Au terme de ma première retraite de la compétition au début des années 1970, j’ai travaillé très fort pour faire progresser le sport amateur au Québec et pour accroître son financement. D’ailleurs, j’ai eu le privilège de rencontrer le Ministre Paul Phaneuf à ce sujet. »

« Alors, je présume qu’en guise de remerciement pour ma contribution à la cause du sport amateur, on m’a choisi. C’est notre chef de mission Maurice Allan, qui a été longtemps officiel en haltérophilie, qui m’a annoncé la nouvelle. Il m’a simplement fait venir dans son bureau pour me dire que j’étais l’heureux élu. Un autre moment inoubliable pour moi. »

Quel est votre plus beau souvenir et moins beau souvenir des Jeux?

« Mon plus beau souvenir n’est pas directement relié à la compétition sportive. À Tokyo, le comité organisateur avait organisé une visite du Mont Fuji, à une centaine de milles de la ville. Il devait y avoir une trentaine d’autobus et des athlètes de tous les pays y allaient. Tout au long du voyage, on voyait des milliers de jeunes Japonais qui nous saluaient avec des petits drapeaux. On pouvait sortir le bras par la fenêtre de l’autobus pour prendre ces drapeaux sur lesquels les enfants avaient écrit leurs coordonnées. Moi j’ai pu correspondre avec une jeune fille pendant quelques années, jusqu’au moment où elle est allé à l’université. »

« Ma déception a été mon échec à Montréal en 1976. J’ai manqué mes trois essais à l’arraché et j’ai été éliminé. Je devais soulever une charge de 145 kg et j’ai eu un peu de malchance. À mon premier essai, la barre est passée au-dessus de ma tête et à mon dernier essai, j’ai eu une perte d’équilibre. C’était un poids qui était audacieux, mais que j’avais déjà réussi. Des fois ça fonctionne, d’autre fois non. Aux Jeux olympiques, on y va pour une médaille, pas pour assurer une position au classement. Avec le recul, la déception est moins grande. »

Avez-vous eu de la famille qui est venu vous encourager?

« Sur ce point, j'ai été très choyé. À Tokyo en 1964, mon père, Lionel Saint-Jean était présent puisqu'il était mon entraîneur. À Mexico en 1968, mon père et ma mère y étaient, mais également ma sœur Jacqueline qui était entraîneur avec l'équipe canadienne de gymnastique. Jacqueline était une grande athlète, mais une blessure l'a forcé à réorienter sa carrière vers le coaching. À Montréal, ma femme a seulement assisté à la cérémonie d'ouverture. Mon père était présent aux compétitions, puisqu'il était analyste à la radio. »

Comment votre expérience olympique vous a aidé dans votre après-carrière d'athlète?

« Le sport nous donne le sens de la compétition. Ça nous enseigne que si on travaille fort et intelligemment et on va tout réussir. Ça permet également de gagner une confiance en soi qui va nous suivre toute notre vie. C’est quelque chose qui va au-delà du sport. »

« Mon expérience olympique m’a apporté beaucoup. En 1973, j’étais retraité de l’haltérophilie. C’est à ce moment que la fédération d’haltérophilie m’a fait une proposition que je ne pouvais refuser ; si j’effectuais un retour à la compétition pour les Jeux olympiques de Montréal, j’allais obtenir une bourse pour terminer mes études en génie mécanique et en 1977 je graduais de l’école Polytechnique de l’Université de Montréal. »

Comment allez-vous vivre les Jeux olympiques de Londres?

« Je vais suivre cela à la télévision avec grand intérêt. Au-delà de la compétition, j’aime voir les reportages qui nous font découvrir les athlètes. C’est toujours très passionnant de découvrir leurs parcours. Chaque athlète à son histoire et j’aime la connaître. »

« Bien sûr que je vais suivre nos trois représentantes en haltérophilie. J’ai confiance qu’elles vont bien nous représenter. Mais la compétition est tellement relevée dans ce sport, autant chez les hommes que les femmes, surtout après l’éclatement de l’U.R.S.S. et l’émergence des athlètes des pays asiatiques. »

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